Chaque été, je fais les mêmes gestes : sortir tatamis, futon et oreillers remplis de sarrasin pour les purifier, les regonfler sous les rayons du soleil.
Cette année, j’ai décousus nos oreillers pour que les cosses soient directement chauffées. En les vidant, j’ai découvert que ces housses avaient été directement teintées par les cosses, mélangées à la sueur de nos nuits, et le temps…
Et c’est là que j’ai eu cet appel créatif d’un boro-talisman, d’un boro-fétiche, écho lointain d’influences africaines, d’un boro familial composé de résidus de cueillettes végétales (écorce de palmier, noyaux de dates, tiges de magnolia, fleurs séchées de bardane des bois), océanes (coquillages, haricots de mer, goémon, bois flotté), d’objets du quotidien liés à l’intime (rouleaux carton de fil dentaire, piques de brosse à cheveux en bois), de fils de jute teint à l’indigo naturel, fil de soie teint à l’avocat, fil de coton résidu de shibori (teint à l’indigo), fil de coton résidu de shibori (teint au réséda). Tous ces déchets, débris sont emplis d’un vécu, d’une histoire invisible, d’usure, de marques, de beauté et de puissance de l’imperceptible.